Traitement

Information préopératoire sur le PONTAGE FÉMORO-POPLITE ou l’angioplastie fémorale

À QUOI SERT L’ARTÈRE FÉMORALE SUPERFICIELLE ?

L’artère fémorale superficielle est l’artère nourricière principale de la jambe. Elle prend naissance au niveau du pli de l’aine à partir de l’artère fémorale commune  et se prolonge au niveau du genou par l’artère poplitée. Dans la majorité des cas, lorsqu’une artère se sténose (rétrécit) progressivement le réseau de suppléance se développe et assure une oxygénation normale de la jambe. Au cours d’un effort (marche, course), les besoins musculaires augmentent et nécessitent un apport sanguin supplémentaire qui ne peut être fourni lorsque l’artère est rétrécie ou bouchée. Ceci explique pourquoi vous avez une douleur au mollet à la marche appelée claudication dans le jargon médical.

QUELLE LÉSION EST À L’ORIGINE DU RETRÉCISSEMENT DE L’ARTÈRE ?

La maladie athéromateuse est à l’origine de l’immense majorité des lésions fémorales. La plaque athéromateuse consiste en une accumulation dans la paroi de l’artère de lipides (graisses), de glucides (sucres), de tissus fibreux et de dépôts calcaires. On parle de durcissement des artères. Cette obstruction  peut se compliquer en se fracturant ce qui peut entraîner soit une embolie soit une occlusion complète de l’artère. La maladie athéromateuse est favorisée par les facteurs de risque cardio-vasculaire suivants : tabagisme, hypertension artérielle,  anomalies lipidiques (cholestérol), diabète, obésité.

COMMENT SE TRADUIT UNE ATTEINTE DE L’ARTÈRE FÉMORALE SUPERFICIELLE ?

Les manifestations cliniques sont liées au degré de rétrécissement de l’artère et sont classées en deux stades de gravité croissante :

  • Douleurs à l’effort appelé claudication : il s’agit d’une douleur ou fatigue musculaire (mollet ou pied) déclenchée par l’ exercice physique et disparaissant en moins de 5 minutes de repos. La distance de marche parcourue avant la survenue de la douleur (périmètre de marche) peut varier de moins de 50 mètres à plus de 500 mètres et constitue un bon indice de sévérité de votre obstruction des artères.
  • Douleurs de repos : il s’agit de douleurs nocturnes assez intenses ou d’engourdissements au niveau des extrémités (orteils, pieds) qui deviennent également froides. Ces inconforts obligent la personne à se lever ou à laisser pendre les jambes hors du lit. Elles traduisent un degré plus avancé de la maladie et imposent un avis médical pour prévenir  la survenue de plaies ou de gangrène.
  • Peuvent aussi apparaître des ulcères cutanés douloureux ou lésions de gangrène aux orteils : ces lésions témoignent d’un déficit circulatoire important qui nécessite également une attention médicale urgente.

UNE ÉVALUATION SPÉCIALISÉE S’IMPOSE

Il est impératif de consulter votre médecin qui vous guidera vers un médecin spécialiste intéressé aux maladies vasculaires pour une évaluation précise de votre problème. (Angiologue, médecine vasculaire, chirurgien vasculaire, cardiologue).

Vous devrez normalement subir en autre un examen écho-doppler de base. Si votre condition le commande, votre médecin pourra poursuivre l’évaluation par une forme d’ imagerie détaillée de vos artères des jambes (angiographie)

Le traitement médical doit être systématiquement débuté et poursuivi, soit isolément, soit en association avec l’intervention chirurgicale (pontage) ou endovasculaire (dilatation avec ballon ± tuteur).

LE TRAITEMENT MÉDICAL COMPREND

  • La lutte contre les « facteurs de risque vasculaire » par des mesures hygiéno-diététiques (marche régulière, arrêt du tabac, régime alimentaire, poids santé).

Les médicaments potentiels sont :

  • Vasodilatateurs : des études ont permis d’objectiver une amélioration d’environ 30% du périmètre de marche. Leur efficacité sur l’évolution à long terme de la maladie est contestée.
  • Anti-agrégant plaquettaire (Aspirine,Plavix ou autres) ont prouvé leur efficacité surtout en terme de prévention de la survenue d’accidents cardio-vasculaires secondaires (réduction du risque de 25%).
  • Les hypolipémiants : il est maintenant reconnu que le traitement du cholestérol est également bénéfique pour les personnes qui ont des blocages des artères des jambes même lorsque les valeurs de cholestérol sont « normales ».
  • Les hypotenseurs : votre médecin et vous devrez maintenir des chiffres de tension artérielle inférieure à 130 mmHg  pour vous aider à maintenir votre santé vasculaire.

QUELLES SONT LES MODALITÉS DE L’INTERVENTION CHIRURGICALE OU ENDOVASCULAIRE ?

Le traitement chirurgical ou endovasculaire  n’ est proposé qu’en cas de gène fonctionnelle marquée ,de douleurs de repos ou de plaies tel que discuté plus haut.

Votre médecin spécialiste aura la responsabilité d’ obtenir pour vous une évaluation de votre état de santé vasculaire avant de vous proposer un traitement chirurgical ou endovasculaire. Votre médication devra être ajustée pour que vous subissiez avec succès l’intervention avec le moins de risque possible.

Suite à l’évaluation subie, votre médecin spécialiste aura à déterminer si votre obstruction vasculaire sera traitée par angioplastie (dilatation) ou par chirurgie (pontage).Le processus décisionnel  dépend de la sévérité et l’étendue de votre blocage.

L’angioplastie se fait en salle de cathétérisme ou de radiologie, nécessite une anesthésie locale. La procédure de déroule sans inconfort important et ne nécessite pas d’hospitalisation.

L’intervention chirurgicale est pratiquée sous anesthésie générale ou sous anesthésie loco-régionale. Le médecin anesthésiste vous précisera les modalités, les avantages et les risques de la technique anesthésique choisie. L’intervention chirurgicale de base est le pontage fémoro-poplité veineux ou prothétique. Il consiste à court-circuiter le segment d’artère obstruée soit par un tube prothétique (Dacron, Goretex) soit par une veine superficielle (veine saphène).

Cette intervention nécessite au minimum deux incisions : la première située au niveau de l’aine permet de raccorder la prothèse ou la veine à l’artère fémorale, la deuxième au dessus ou au dessous du genou est utilisée pour le raccordement (anastomose) au niveau de l’artère poplitée. Dans le cas des pontages veineux, plusieurs incisions supplémentaires sur la cuisse, sont en général nécessaires pour ligaturer les branches de la veine.

La durée de l’hospitalisation varie de 5 à 7 jours. Les soins postopératoires incluront  la  surveillance de la fonctionnalité du pontage, la surveillance des plaies, l’administration des anti-douleurs et l’ajustement des médicaments que votre condition nécessite (ex : diabète, angine….).

Vous aurez à la sortie de l’hôpital à vous assurer que vous reverrez périodiquement votre chirurgien et ou votre médecin spécialiste pour diminuer les risques de récidive de votre problème vasculaire.

QUELS SONT LES INCIDENTS ET ACCIDENTS POSSIBLES AU COURS DE L’INTERVENTION ?

En dépit de la surveillance et des soins apportés, il peut se produire au cours de l’ angioplastie ou l’intervention chirurgicale, des incidents ou accidents qui sont pour la plupart aussitôt identifiés et traités. Il peut s’agir :

  • Hémorragie ou saignement au site de l’intervention. Ce saignement est le plus souvent mineur et ne nécessite pas de transfusions sanguines.
  • Lésions nerveuses. Dans la majorité des cas, il s’agit de contusion nerveuse responsable de troubles passagers. L’atteinte des nerfs sensitifs fémoraux est fréquente et se traduit par une zone d’insensibilité (comme lors d’une anesthésie dentaire) ou des douleurs de  type décharges électriques ou brulures sur la face interne de la cuisse. Ces inconforts sont passagers mais occasionnellement peuvent durer quelques mois.
  • Accidents d’anesthésie, exceptionnels. Une information spécifique sera discutée avec le patient par le médecin anesthésique au cours de la consultation préopératoire.
  • Accidents vasculaires. L’infarctus du myocarde (crise de cœur) et l’accident vasculaire cérébral (paralysie) peuvent survenir durant l’intervention et bien que peu fréquentes seront adressées par votre médecin et son équipe.

QUELLES COMPLICATIONS PEUVENT SURVENIR APRÈS L’INTERVENTION ?

Des complications spécifiques peuvent apparaître dans la période postopératoire immédiate :

  • L’hématome favorisé par l’utilisation des anticoagulants et les fréquentes poussées d’hypertension artérielle. Il se traduit par un gonflement douloureux. S’il est important, il peut nécessiter une réintervention chirurgicale.
  • Des complications lymphatiques peuvent survenir au niveau du pli de l’aine. Il peut s’agir d’épanchement de lymphe (lymphorrée) ou de tuméfaction (lymphocèle). Des pansements fréquents peuvent être nécessaires et occasionnellement  il peut être préférable de réintervenir pour ligaturer les vaisseaux lymphatiques responsables.
  • Oedème de la jambe. Suite à la chirurgie, il est fréquent d’ observer un œdème ou gonflement de la jambe parfois important mais heureusement transitoire. Si cet œdème persistait plus de 4à 6 semaines, vous devriez en aviser votre spécialiste qui vous conseillera sur les mesures à prendre.
  • Phlébite et embolie pulmonaire sont exceptionnelles et font l’objet d’une prévention systématique au cours de l’hospitalisation (anticoagulant, lever précoce).
  • L’infection, plus fréquente si le pontage est réalisé pour traiter une plaie ou un début de gangrène. Elle peut être superficielle ou profonde. Redoutable en cas de pontage prothétique, elle impose alors une réintervention avec ablation de la prothèse infectée et revascularisation si  nécessaire.
  •  La thrombose du pontage  (pontage obstrué) peut survenir soit immédiatement après   l’intervention, soit au cours de l’hospitalisation. Elle traduit le plus souvent un problème sérieux (veine de mauvaise qualité, artère receveuse trop abîmée…) et oblige souvent  à une réintervention immédiate pour correction si possible du problème. Lorsqu’un nouveau pontage n’est techniquement pas réalisable, l’évolution de l’artérite peut être défavorable avec apparition de douleurs insupportables et de gangrène, qui fait discuter de la pertinence d’une amputation.

EN CONCLUSION

À long terme, les résultats de ces interventions sont globalement intéressants avec une perméabilité moyenne de 70 % à cinq ans. Une surveillance régulière de votre pontage est généralement proposée afin de dépister toute éventuelle dégradation de votre état de circulation dans votre jambe.

Parlez-en à votre spécialiste lorsque vous quitterez l’hôpital.